Liz Truss met en scène l’unité des “Tories” dans un discours en dents de scie : “Vous pouvez me faire confiance”.
Liz Truss a réaffirmé son leadership lors d’un discours mouvementé à la conférence du Parti conservateur, à laquelle elle est arrivée affaiblie et sous l’œil attentif des marchés et de ses propres collègues, dont certains sont déjà accusés de préparer un “coup” pour l’évincer du 10 Downing Street. La première ministre s’est adressée à tous les détracteurs ou à ceux qui doutent de sa détermination lorsqu’elle a déclaré “vous pouvez me faire confiance”, “j’ai un plan clair” ou “tout le monde ne sera pas en faveur du changement, mais tout le monde en bénéficiera”.
Sans le dire explicitement, Truss a demandé du temps pour que son “plan perturbateur” commence à fonctionner et à être compris. “Je vais reconstruire le Royaume-Uni”, a-t-il proclamé. Il a “seulement” prononcé le discours de clôture du congrès, qui s’est tenu à Birmingham mercredi. Devant des “collègues” et sans avoir accompli un mois à la tête du gouvernement, un bain de foule aurait pu être prévu, mais il pourrait ne pas se produire. Son discours est soudain le plus important de sa carrière politique, après des débuts frénétiques et malheureux au pouvoir. Elle craint un “coup d’État” interne pour l’écarter du pouvoir.
Ce qui est certain, c’est qu’elle a été accueillie par une ovation et qu’elle a également été ovationnée une fois que ceux qui ont crié contre elle dans les premières minutes de son discours ont été expulsés de la salle (des militants de Greenpeace se sont levés avec une bannière sur laquelle on pouvait lire “Qui a voté pour ça ?”). Mais l’image d’unité affichée devra être contrastée avec ce qui se passera dans les prochains jours, et Mme Truss en est consciente : “Je ne suis pas intéressée par les paroles, mais par les actes”. Il sort du congrès plus fort : il a une nouvelle occasion de bien faire les choses, ou du moins c’est ce qu’ils ont voulu mettre en scène.
Elle a semé un discours de références à ceux qui ont la vie dure, mais son pari est invariable et ses priorités sont ” trois ” : ” Croissance, croissance et croissance “. Mme Truss préconise “une nouvelle approche pour mettre fin à ce cycle d’impôts élevés et de faible croissance”. Ce n’est qu’ainsi, a-t-elle insisté, que la population la plus défavorisée pourra aller de l’avant : “Il y a des parties de notre pays qui pourraient tomber encore plus bas (…) Nous devons rendre le gâteau plus gros pour que chacun puisse avoir sa part”.
Le plus impopulaire
Le 23 septembre, Mme Truss a annoncé la plus grande réduction d’impôts depuis un demi-siècle. À peine dix jours plus tard, il a fait marche arrière sur son projet de réduire le taux supérieur de l’impôt sur le revenu des personnes physiques pour les plus hauts revenus de 45 % à 40 %, au milieu d’un effondrement de la livre et d’une rébellion au sein du parti, qui lui faisait savoir qu’il n’avait pas de période de grâce ou de courtoisie. Les ministres accusent les dirigeants de premier plan d’orchestrer un “coup d’État” ou de “lancer des grenades” contre leur propre gouvernement.
Les députés conservateurs sont bien en peine d’expliquer dans leur circonscription, clé du maintien de leur siège aux prochaines élections, qu’avec une inflation inédite depuis 40 ans, un système de santé au bord de l’effondrement ou un modèle de transport manifestement déficient, on réduit la charge fiscale de ceux qui ne sont pas en difficulté financière, tandis que l’on supprime des services ou des subventions sociales pour réduire la dette publique.
Ministre des finances, Kwasi KwartengKwasi Kwarteng, envisage d’avancer à octobre la présentation de son plan économique complet, initialement prévue le 23 novembre. Il veut calmer et rassurer les investisseurs, mais l’avance elle-même reflète la nervosité ou les propres doutes du gouvernement quant à sa capacité à survivre jusqu’à cette date sans avoir détaillé sa feuille de route.
Un sondage publié mercredi par YouGov conclut que Mme Truss – il faut souligner qu’elle est Premier ministre depuis le 6 septembre – est déjà plus impopulaire que Boris Johnson et même que le Labour Jeremy Corbynqui détenait jusqu’à présent cet honneur douteux : seuls 14% des citoyens disent avoir une opinion “favorable” de Truss, contre 73% qui le perçoivent “défavorablement”.