L’ONU dénonce le projet de la Russie de juger des Ukrainiens dans des cages au théâtre de Mariupol

L’ONU a dénoncé mardi l’intention de la Russie de juger des citoyens ukrainiens enfermés dans des cages et exposés sur la scène du théâtre de Mariupol. L’organisation internationale a averti Moscou qu’elle commettrait un crime de guerre si elle jugeait illégalement et se moquait publiquement des prisonniers, qui ont été capturés après la chute de la ville de Mariupol.
La porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU, Ravina Shamdasania averti qu’il existe des signes clairs que la Russie et les groupes armés opérant sous ses ordres à Donetsk (province orientale de l’Ukraine) préparent le procès de prisonniers de guerre, qu’ils ont l’intention de mettre dans des cages en cours de construction dans un bâtiment public à Mariupol.
“Il y a des vidéos et des photos dans la presse et sur les médias sociaux de…”. la construction d’immenses cages dans les locaux de la Philharmonie de Mariupolet l’idée serait de mettre les prisonniers dans ces cages pendant les audiences, ce qui est totalement inacceptable, c’est un acte d’humiliation”, a-t-il expliqué.
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M. Shamdasani a rappelé que le droit humanitaire international “interdit la création de tribunaux dans le seul but de juger des prisonniers de guerre, ce qui prive l’accusé de son droit à un procès régulier et équitable, et équivaut à un crime de guerre” si de tels procès sont menés de cette manière, a-t-il rapporté.
Anton Gerashchenkoconseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur, a dénoncé cette situation sur son compte Twitter officiel le 11 août : “Les autorités qui occupent Marioupol vont mettre en place un “tribunal” pour juger les militaires ukrainiens le 24 août. Ils le font pour coïncider avec le jour de l’indépendance de l’Ukraine et exactement six mois après l’invasion, a dénoncé le maire de Mariupol, Vadym Boychenko. Cette vidéo montre où les prisonniers de guerre ukrainiens vont être enfermés.”conclut le tweet.
Les autorités professionnelles de Mariupol vont organiser un “tribunal” des militaires ukrainiens le 24 août – jour de l’indépendance de l’Ukraine et exactement 6 mois après l’invasion, – Vadym Boychenko, maire de Mariupol.
Cette vidéo montre où les prisonniers de guerre ukrainiens vont être gardés. pic.twitter.com/CB14yMV7RY
– Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_fr) 11 août 2022
Selon les normes internationales établissant les règles minimales en temps de guerre, les combattants ayant le statut de prisonnier de guerre bénéficient de l’immunité et ne peuvent être poursuivis pour avoir participé à des hostilités ou à des actes de guerre licites commis au cours d’une offensive, même si ces actes sont contraires à une loi nationale.
Les prisonniers en question sont ceux qui défendaient Mariupol. et en particulier l’usine sidérurgique Azovstal, qui est tombée en mai dernier, mais on ne sait pas exactement combien.
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L’ONU ne dispose pas non plus d’informations sur les personnes qui formeront le tribunal, sur celles qui assureront la défense (il est à craindre qu’il s’agisse d’une défense fictive) et sur les crimes dont elles seront accusées.
“Nous sommes préoccupés par le fait que la procédure régulière n’est pas respectée”.a-t-elle ajouté. Le droit à une procédure régulière comprend le droit du défendeur de choisir son avocat et de s’entretenir avec lui en toute confidentialité.
M. Shamdasani a rappelé que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, des procès ont eu lieu au cours desquels des prisonniers de guerre ont été accusés d’être des mercenaires et des condamnations à mort ont été prononcées, “et nous craignons que cela ne se reproduise”.
Les autorités nommées par la Russie à Mariupol ont qualifié les prisonniers de guerre ukrainiens de “terroristes”.Nazis” et “criminels de guerre”, agissant contre le principe élémentaire de la présomption d’innocence.
L’ONU n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement russe de pénétrer dans les lieux où sont détenus les prisonniers ukrainiens, ni sur son territoire, ni sur les territoires que le Kremlin contrôle en Ukraine.
Elle n’a pas non plus reçu de réponse à sa demande de garantir le respect de ces prisonniers pendant le procès, qui devrait avoir lieu dans les prochains jours.