Manifestation massive en France pour le maintien de la retraite à 62 ans : Macron insiste pour 64 ans

Premier assaut sur le réforme des retraites de Emmanuel Macron. Les huit syndicats se sont massivement mobilisés jeudi. Plus de deux millions personnes ont défilé lors des 220 manifestations, selon le syndicat. CGT. À Paris, l’affluence a nécessité de scinder le cortège qui, selon la même source, dépassait les 400 000 personnes. Le gouvernement a évalué la participation à 1 120 000 manifestants, dont 80 000 dans la capitale.
La manifestation comprenait grèves dans les secteurs clés de la services public où les syndicats sont très présents. Et dont les employés seront affectés par l’abolition de leurs régimes spéciaux de retraite. Dans les transports parisiens (RATP), par exemple, le trafic a été fortement perturbé. À la SNCF, 46 % des employés ont été absents du travail. Dans les raffineries de Total, le taux d’arrêt a dépassé 70 %.
Cependant, la grève n’a pas été généralisée, ni dans les pays de l’UE. éducation du public (entre 65 et 80% selon les syndicats, entre 34 et 42% selon le ministère) et parmi les fonctionnaires, où 30% des 2,5 millions ne se sont pas présentés au travail.
Cela a certainement encouragé les centrales syndicales à décider de poursuivre le mouvement. La prochaine journée nationale de manifestations a été fixée au lendemain. 31 janvieralors que le noyau dur avait l’intention d’appeler à la grève la semaine prochaine. D’ici là, les syndicats vont sans doute programmer de nouvelles grèves dans les secteurs stratégiques où les radicaux sont très puissants. Mais la stratégie syndicale semble vouloir tenir tête au gouvernement avec des journées de grandes manifestations sans épuiser les travailleurs avec une grève de six semaines comme en 2019.
La réforme de Macron
Face à la pression de la rue, la fermeté du gouvernement : Macron a déclaré jeudi qu’il allait… sa réforme est “équitable et responsable”. et qu’il la mènerait à bien avec “respect et esprit de dialogue mais aussi avec détermination et responsabilité”. Le président s’est exprimé en Barcelone où il a participé au sommet franco-espagnol.
Macron et plusieurs ministres ont joué à être exquis. “Il est bon et légitime que toutes les opinions puissent être exprimées”, a déclaré le président. Il sait que s’il a la légitimité politique pour faire passer sa réforme, les syndicats ont le soutien de la rue et celui de l’opinion publique, puisque tous les sondages indiquent une opposition majoritaire au travail au-delà de 62 ans.
Il convient de noter qu’aucun incident n’a eu lieu lors des manifestations. L’exception était dans Parisoù il y avait quelques sauts de la noir blog des ultra-gauchistes qui ont fait des ravages avant d’être neutralisés par les brigades mobiles de la police.
Grande mobilisation
La journée de jeudi est à comparer à celle du 5 décembre 2019, où entre 1,5 million de personnes ont manifesté, selon le décompte syndical, et 806 000, selon l’Intérieur. Hier, les syndicats ont manifesté une plus grande capacité de mobilisation. On trouve des chiffres similaires dès décembre 1995. Le premier ministre de l’époque, Alain Juppéa dû abandonner son projet de mettre fin aux régimes spéciaux après une grève d’un mois. Personne n’a essayé de réformer à nouveau le système des privilèges jusqu’à Macron.
En 2019, la réforme ne visait pas à relever l’âge de la retraite mais à mettre fin aux 42 régimes spéciaux. La réponse syndicale a pris la forme de manifestations hebdomadaires et d’une grève qui a privé la France de trains et Paris de métro du 3 décembre jusqu’en 2020. La SNCF (la Renfe française) a perdu 801 millions d’euros en 2019, dont 614 millions d’euros pour la grève de décembre. Le conflit a coûté quelque 200 millions aux transports publics parisiens (RATP), selon les estimations de .
Malgré cette forte opposition de la rue, le gouvernement dirigé par la Édouard Philippe a réussi à obtenir le Montage National puis vint la pandémie de Covid. Et Macron a préféré abandonner sa réforme sans aller au bout du processus parlementaire.
Âge de la retraite
D’hier à aujourd’hui, la réforme, qui sera approuvée par le Conseil des ministres le 23 janvier, a évolué. Cette fois-ci, il s’agira modifie l’âge légal de la retraite qui passera de l’âge actuel de 62 ans à 64 ans en 2030, à raison de trois mois par an. Pour bénéficier d’une pension complète, il faut avoir cotisé pendant 43 ans. Cela était déjà prévu dans la loi Tourainedu nom du ministre socialiste qui a signé le projet de 2014. Mais le gouvernement actuel accélère le processus : il devait être achevé en 2035, il le sera désormais en 2027.
Le gouvernement reprend du projet 2019 la fusion dans le régime général des “principaux” régimes spéciaux et de leurs conditions particulières de retraite qui, selon le gouvernement “ne sont plus justifiés aux yeux des Français (…) ni adaptés à la réalité”. Ce sera le cas pour le système de transport de la capitale (RATP) où les chauffeurs de bus partent à la retraite plusieurs années plus tôt que leurs collègues des autres villes ; pour les réseaux publics d’électricité (EDF) et de gaz (GDF) ; pour la Banque de FranceLe Conseil économique et social et les employés des offices notariaux.
Ils économisent leur régimes indépendant des avocats, des marins ainsi que des artistes de la Comédie Française et le Opéra de Parisdont les statuts sont antérieurs à la Révolution Français et ont survécu à tous les changements politiques depuis la monarchie. En 2019, le gouvernement a inclus les employés de ces deux institutions qui ont répondu en rejoignant la grève, forçant la suspension de 70 spectacles avec une perte de revenus de 15 millions.
L’objectif de la réforme est de ramener “le système à l’équilibre à l’horizon 2030” en évitant “des déficits de 150 milliards d’euros” en cas de maintien du statu quo actuel, a déclaré le Premier ministre Elisabeth Borne lors de la présentation du projet du gouvernement. “Chaque euro compte pour un État qui a une dette de trois mille milliards d’euros”, a répété le ministre des finances, Bruno Le Maire.
Les économies réalisées dans le système permettront de financer la revalorisation des pensions les plus basses jusqu’à 1 200 euros bruts par mois. Ils couvriront également le coût de la mise à la retraite à 62 ans de ceux qui ont commencé à travailler entre 18 et 20 ans et de ceux qui sont touchés par l’invalidité.
Politiquement, la principale différence est que Macron avait dans son programme de réélection le relèvement de l’âge de la retraite alors qu’en 2017 ce n’était pas le cas. Hier, à Barcelone, Macron a rappelé que “des choses doivent être dites lorsque des décisions démocratiques sont prises”, qu’il a présenté “clairement” son projet, qui a été “validé” lors des élections présidentielle et législatives de l’été dernier.
En effet, Le programme de Macron a retardé sa retraite jusqu’à l’âge de 65 ans. L’abaissement de l’âge à 64 ans est une concession à la Commission européenne. Le site Républicains (droite classique) dont les voix sont nécessaires car, contrairement à la législature précédente, le gouvernement pas de disponible à l’adresse de majorité absolu à l’Assemblée. Bien que les députés de droite soient très méfiants à l’égard de Macron, il semble difficile pour eux de ne pas soutenir une réforme qu’ils ont réclamée au Sénat, où ils sont majoritaires, et qui faisait partie du programme de leur candidat à la présidence de la République, Valérie Pécresse.
L’argument de Macron — est contesté par les Laurent Bergerleader du syndicat majoritaire et modéré CFDT, le seul à appeler à voter pour Macron. Au lendemain de la victoire dans les urnes, M. Berger a appelé M. Macron à écouter ceux qui ont “voté pour lui” mais “ne partagent pas son programme”.
En plus de la rue, le gouvernement a contre lui le reste des forces de l’Assemblée nationale. Non seulement la coalition de gauche (Insumisos, communistes, socialistes y écologistes) mais aussi l’extrême droite de Marine Le Stylo.
“Je pense que le gouvernement a déjà perdu une bataille, celle de convaincre la population”, a-t-il déclaré. Jean-Luc Mélenchonleader des Insumisos, lors de la manifestation de Marseille. “Cette réforme n’a aucun sens et Emmanuel Macron ne tiendra pas le coup”, a-t-il prédit.
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