Vladimir Poutine dirige ses généraux en Ukraine, suscitant la colère des officiers face aux défaites.

Le président de la Russie, Vladimir Poutinedonne des instructions directement aux généraux sur le champ de bataille, ce qui est “très inhabituel dans une armée moderne” et révèle une “structure de commandement dysfonctionnelle”, rapporte CNN, qui a recoupé ces informations avec des “sources familières des services de renseignement américains et occidentaux”.
Ces sources expliquent qu’il existe des conversations interceptées avec des responsables russes qui sont très critiques à l’égard de la prise de décision et des tactiques. Elles coïncident avec une phase de la guerre où Moscou enchaîne les défaites et perd des milliers de kilomètres carrés de territoires conquis, ce qui a poussé un Poutine en proie à des difficultés internes et externes à ordonner la mobilisation de 300 000 réservistes.
Les États-Unis, rapporte CNN, interprètent cette démarche comme le résultat du désespoir d’un président qui manque d’hommes pour se battre et qui se raccroche maintenant à la menace nucléaire pour tenter de surmonter la volonté des alliés de Kiev, une fois que ses plans visant à priver l’Occident de gaz et de céréales et à compromettre leurs économies sont en cours.
Selon un haut responsable de l’OTAN qui s’est confié à CNN, il y a des “discussions fiévreuses” à Moscou sur les raisons de l’échec dans la région de Kharkov et le Kremlin fait de son mieux pour détourner l’attention de Poutine, dont on sait maintenant qu’il avait plus de responsabilités qu’on ne le supposait dans le conflit : il a donné des ordres qui auraient dû être pris par ses commandants supérieurs sur le terrain, en passant outre.
Perd des alliés
Avec ces directives à la première personne dans un domaine aussi sensible et avec tant de vies en jeu, Poutine s’attire les foudres de son armée du haut en bas de l’échelle, ainsi que des dirigeants à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la Russie qui s’étaient jusqu’alors alignés sur lui ou avaient au moins maintenu une position ambiguë. A tous ces éléments, il faut ajouter l’opinion publique.
Cette opinion publique ne peut manifester dans la rue qu’au risque certain d’être arrêtée. Ces dernières heures, les recherches sur Google en Russie ont porté sur la façon de quitter le pays ou de se casser un bras pour éviter d’être envoyé au front.
Les sources consultées par CNN doutent en outre du succès de la mobilisation partielle annoncée par M. Poutine, compte tenu des problèmes avérés des troupes russes en matière de lignes d’approvisionnement, de communications et, finalement, et de plus en plus, de moral. Il y a du découragement et des désertions. En outre, il convient de garder à l’esprit que n’importe lequel de ces réservistes aurait besoin, a déclaré un expert à CNN, de quatre à six mois d’entraînement intense.
Ces jours-ci, la Russie attaque des infrastructures critiques telles que des barrages et des centrales électriques, mais pour les États-Unis, il ne s’agit pas de gestes de “vengeance” très significatifs. C’est un moment délicat pour le Kremlin, qui a besoin d’un retournement de situation. La Chine et la Turquie ont demandé à Poutine d’appeler à un “cessez-le-feu” et à ce dernier de ne pas organiser de référendum “illégitime” dans le Donbas.